USA:Le second procès de Trump s’ouvre au Sénat: l’accusation se fonde sur des “faits concrets et solides”

Le second procès de Trump après les violences au Capitole a officiellement débuté ce mardi 9 février au Sénat. Le procès historique de l’ancien président républicain a débuté par un appel solennel au silence, rapidement suivi par la mise au vote d’une résolution détaillant le cadre des débats.
Le dossier d’accusation contre Donald Trump se fonde sur des “faits concrets et solides”, a déclaré mardi l’élu et procureur démocrate Jamie Raskin, en diffusant dès l’ouverture du procès de l’ancien président devant le Sénat un montage vidéo à charge.
L’élu, un ancien professeur de droit, a promis d’éviter “les longues leçons” ennuyeuses et a projeté un film de plusieurs minutes, juxtaposant des extraits des déclarations enflammées de Donald Trump devant ses partisans, réunis le 6 janvier à Washington, et des scènes de violences lors de leur assaut sur le Capitole quelques instants plus tard.
Le procès de Donald Trump est “une instrumentalisation politique de la procédure de destitution” et va “déchirer” les États-Unis, a plaidé mardi son avocat David Schoen.
“Ce procès va ouvrir de nouvelles blessures, profondes, dans la nation car de nombreux Américains le voient pour ce qu’il est: une tentative par un groupe de politiciens d’écarter Donald Trump de la vie politique et priver de leurs droits 74 millions d’électeurs”, a-t-il ajouté.
Doublement historique
Ce procès est doublement historique: c’est la première fois qu’un ex-président américain est jugé en destitution. Et le 13 janvier, le magnat de l’immobilier était déjà devenu le premier président à être frappé deux fois par une mise en accusation (“impeachment”) à la Chambre des représentants, cette fois pour “incitation à l’insurrection”.
Accusation “absurde” contre preuves “accablantes”: les avocats de l’ex-président républicain et les élus démocrates qui portent l’accusation ont déjà donné le ton des échanges à venir lors du procès, qui s’ouvre à 13H00 (18H00 GMT) dans l’hémicycle même où des manifestants pro-Trump avaient fait irruption le 6 janvier. Détail extraordinaire, les 100 sénateurs qui feront office de jurés furent ainsi les témoins, et victimes, de l’attaque.
Les images fortes de ces moments et le discours de Donald Trump à ses partisans quelques minutes auparavant devraient occuper un rôle central dans l’accusation. À l’extérieur, les mesures inédites de sécurité entourant le Capitole rappellent la violence, et le choc, provoqués par l’assaut.
Trump absent
Vivant désormais en Floride, le milliardaire ne se rendra pas au procès. Et il fait peu de doute qu’il sera, à son terme, acquitté. La Constitution impose en effet une majorité des deux tiers pour un verdict de culpabilité. Même si des sénateurs républicains ont vertement critiqué le rôle du 45e président américain dans ces violences, il semble peu probable que 17 d’entre eux joignent leur voix aux 50 démocrates pour condamner le milliardaire, encore très populaire auprès de sa base.
Une chose unit toutefois les deux camps: ils veulent aller vite, et un vote final pourrait avoir lieu dès le début de la semaine prochaine. Les républicains parce qu’ils ne veulent pas s’attarder sur une séquence qui divise leurs rangs; les démocrates parce qu’ils veulent que le Sénat puisse de nouveau rapidement se concentrer sur leur priorité: approuver les candidats et les lois de Joe Biden.
Se présentant en “rassembleur” d’une Amérique meurtrie, ce dernier prend soin de se tenir à distance de cette procédure. Le nouveau président “ne passera pas beaucoup de temps à regarder les audiences, voire pas du tout”, a insisté lundi la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki.
Procès “absurde”
C’est un débat juridique sur la constitutionnalité du procès qui occupera son ouverture mardi: chaque camp aura deux heures pour livrer ses arguments et les sénateurs voteront ensuite pour dire s’ils se jugent compétents.
Ce point est au coeur de l’argumentaire des avocats de Donald Trump, David Schoen et Bruce Castor, pour qui il est “absurde et anticonstitutionnel de mener un procès en destitution contre un simple citoyen”. Un argument repris par de nombreux sénateurs républicains.
Une simple excuse pour éviter d’avoir à juger sur le fond la conduite “méprisable” de Donald Trump et donc “de se mettre à dos les partisans du président”, a tonné le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer. Mardi, il a promis la présentation de “nouvelles” pièces à conviction.
AFP