Souleymane Cissé: Un cinéaste engagé

Biographie
Souleymane Cissé est né dans une famille musulmane croyante et modeste de huit enfants. Il est passionné de cinéma dès son enfance. Depuis l’âge de 7 ans, il fréquente très régulièrement le cinéma comme spectateur en compagnie de ses grands frères et de leurs amis. Il fait des études secondaires à Dakar et revient dans son pays en 1960 lors de l’éclatement de la Fédération du Mali et de l’indépendance de son pays. Il adhère alors à des mouvements de jeunesse et commence à projeter à la Maison des Jeunes de Bamako des films qu’il commente ensuite au public
C’est un film documentaire sur l’arrestation de Patrice Lumumba qui déclenche réellement sa volonté de faire du cinéma. En 1963, il obtient une bourse pour suivre un stage de projectionniste puis des études de cinéma à l’Institut des Hautes Études Supérieures de la Cinématographie (VGIK) de Moscou. Il en sort diplômé en 1969. En 1970, rentré au Mali, il est employé comme cameraman-reporter au Service cinématographique du Ministère de l’Information, ce qui lui offre l’occasion de parcourir le Mali de long en large caméra à l’épaule pendant trois ans et de réaliser plusieurs documentaires.

Souleymane Cissésur le tapis rouge au festival de Cannes
Souleymane Cissé tourne son premier moyen métrage Cinq jours d’une vie en 1971. Le film relate l’histoire d’un jeune qui abandonne l’école coranique et vagabonde dans les rues, vivant de menus larcins. L’œuvre est primée aux Journées cinématographiques de Carthage.
En 1975, il réalise son premier long métrage, en bambara, Den Muso (La Jeune fille) à propos d’une jeune fille muette violée par un chômeur. Enceinte, elle subit le rejet de sa famille et du père de l’enfant qui refuse de le reconnaître. Souleymane Cissé a ainsi expliqué sa démarche : « J’ai voulu exposer le cas des nombreuses filles-mères rejetées de partout. J’ai voulu mon héroïne muette pour symboliser une évidence : chez nous, les femmes n’ont pas la parole ». Non seulement le film est interdit par le ministre malien de la culture2 mais Souleymane Cissé est arrêté et emprisonné pour avoir accepté une coopération française. Le brûlot restera interdit pendant trois ans et n’obtiendra son visa d’exploitation qu’en 1978.
Fonctionnaire de l’État, Souleymane Cissé prend une disponibilité en 1977 afin de se consacrer pleinement au cinéma et crée la société de production Les Films Cissé (Sisé Filimu).
En 1978 sort le film Baara (Le Travail) qui reçoit l’Étalon de Yennenga au FESPACO (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou) la même année. Ce film relate l’histoire d’un jeune ingénieur, révolté par l’attitude de son PDG, qui décide d’organiser une réunion avec les ouvriers pour faire valoir leurs droits. Mais son patron le fait aussitôt enlever puis assassiner.
Succède Finyè (Le Vent, 1982). Il s’agit d’une chronique sur la révolte des étudiants maliens face au pouvoir militaire. À sa sortie, le film multiplie les récompenses : Étalon de Yennenga au FESPACO de Ouagadougou en 1983, Tanit d’or aux Journées cinématographiques de Carthage. Le film est également sélectionné au Festival de Cannes 1982 (le cinéaste sera membre de son jury l’année suivante).
Souleymane Cissé à coté de Martin Scorcese au festival de Cannes
Sur une période période de 4 ans, entre 1984 et 1987, il tourne Yeelen (La Lumière), film initiatique sur le douloureux chemin que prend l’enfant pour devenir adulte. L’histoire est inspirée de la tradition bambara. Il obtient pour ce film Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes en 1987. Il est alors premier cinéaste africain à avoir été primé à Cannes pour un long métrage.
Souleymane Cissé tourne Waati (Le Temps, 1995), qui retrace l’histoire de Nandi, une enfant noire d’Afrique du Sud au moment de l’Apartheid, qui fuit son pays pour partir en Côte d’Ivoire, au Mali et en Namibie, avant de revenir dans son pays d’origine après la fin du régime.
En 2009, Souleymane Cissé sort le film Min yé qui aborde le thème de la polygamie. Ce film, dans lequel jouent Sokona Gakou, animatrice à Africable, et Assane Kouyaté, est présenté au Festival de Cannes 2009
Filmographie
Courts et moyens métrages
1968 : L’aspirant
- 1968: Source d’inspiration
- 1970: Dégal à Dialloubé
- 1971: Fête du Sanké
- 1972: Cinq jours d’une vie
- 1975: L’Homme et ses idoles
- 1978: Chanteurs traditionnels des Iles Seychelles
Longs métrages
1975 : Den Muso
- 1978: Baara
- 1982: Finyè
- 1987: Yeelen
- 1995: Waati
- 2009: Min Yé
- 2015: O Ka
Distinctions
Nominations
Souleymane Cissé est, depuis 1997, président de l’Union des créateurs et entrepreneurs du cinéma et de l’audiovisuel de l’Afrique de l’Ouest (UCECAO).
- Souleymane Cissé a été élevé par le président de la République, Amadou Toumani Touré, au rang de Commandeur de l’Ordre national du Mali le 1erjanvier 2006
Récompenses
1979 : Étalon de Yennenga au FESPACO (Festival panafricain du cinéma et de la télévision) de Ouagadougou et Montgolfière d’or au Festival des 3 Continents pour Baara.
- 1983: Étalon de Yennenga au FESPACO et Tanit d’or aux Journées cinématographiques de Carthage pour Finyè (Le Vent).
- 1987: Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes pour Yeelen (La Lumière).
- 1988: Prix d’Aide à la distribution au Festival international de films de Fribourg pour Yeelen.
- 2007: lauréat du Prix Henri-Langlois de Vincennes.
- 2009: lauréat du BFI Fellowships de Londres.
- 2010: lauréat du Dubai International Film Festival de Dubaï.
2011 : lauréat du Grand Prix Hommage au 7e Festival International du Film Black de Montréal.
Rassemblé par Fatou Seck